dimanche 8 février 2009

Psychologie: self-fulfilling prophecies

Je vais faire ça vite à soir les gars, ça me tente franchement pas pour être honnête. Il est 22h10, tout ce que j'ai fait de ma maudite journée c'est lire des textes, recopier des textes, essayer de lire des diapos -- que je n'ai même pas réussi à finir d'ailleurs. Et là après ma chronique, il va me rester 1h pour avoir du fun et penser à rien? Et après va falloir que j'essaie de dormir... mon cul que j'vais dormir.

Bref. Les self-fulfilling prophecies représentent avant tout un concept aux nombreuses traductions boiteuses: prophéties autoréalisantes, prophéties autoréalisatrices, prophéties qui s'autoréalisent...

C'est en fait relativement simple. C'est le simple fait que quand quelqu'un a des attentes envers quelqu'un, bien souvent, par des processus plus ou moins connus dépendant de la situation, la personne en question va confirmer les attentes. Par exemple, un employé qui s'attend à interagir avec un employé qui sera frustré va probablement finir par voir ses attentes confirmées. Le processus par lequel cela pourrait se produire est facile à imaginer: le premier employé, puisqu'il s'attend à interagir avec une personne frustrée, va tout de suite être sur ses gardes et réagir férocement au moindre commentaire suspect du deuxième employé, ce qui va évidemment le frustrer.

Mais ce pourquoi les self-fulfilling prophecies sont intéressantes et étudiées, c'est que bien souvent, on ne sait pas par quel processus la prophétie se réalise. Par exemple, dans une vraie étude, des examinateurs devaient administrer le test de Rorschach à des personnes. (Le test de Rorschach, c'est le test qu'on voit toujours dans les films, avec les taches d'encre: "à quoi ça vous fait penser?"). À un groupe d'examinateurs, on avait dit que les examinés avaient tendance à donner des réponses animales (ex: un papillon) plutôt qu'humaines. Dans l'autre groupe, exactement le contraire. Ceci n'était évidemment pas vrai (tests préliminaires à l'appui). Toutefois, les résultats ont bel et bien confirmé les attentes des expérimentateurs: quand les examinateurs croyaient que les examinés allaient donner plus de réponses animales, tel était le cas; et vice versa pour l'autre groupe.

Une analyse subséquente des bandes sonores et vidéos n'ont révélé aucun indice qui aurait pu pousser les examinés à se comporter ainsi. D'ailleurs, ni les examinateurs, ni les examinés n'ont affirmé avoir été conscient d'un quelconque subterfuge. L'hypothèse actuelle: ce serait dû à des mouvements et gestes corporels très subtils...

L'effet pygmalion

L'effet pygmalion, c'est précisément ce que je viens de décrire. C'est une prophétie qui s'autoréalise entre un supérieur et un subordonné, par exemple lors d'une recherche expérimentale, en laboratoire, entre un expérimentateur et un participant. Il est aussi connu sous le nom d'effet Rosenthal.

Exemple concret du danger: en milieu scolaire

Le milieu dans lequel les prophéties autoréalisatrices ont été le plus étudiées est sans doute le milieu scolaire. De nombreuses, incalculables études démontrent que lorsqu'on dit à des enseignants que tel, tel et tel étudiant a un QI supérieur à la moyenne et est motivé par rapport à l'école -- même s'ils n'ont en réalité rien de différent des autres élèves --, ces élèves finissent effectivement par avoir un plus haut score de QI, et aussi à avoir des meilleures notes. Je vous rappelle que tel n'était jamais le cas au début des études.

Ah, le pouvoir des attentes...

1 commentaire:

Seigneur a dit...

fuck... c'est donc ben cool ça... c'est comme si Dieu jouait à Dieu!

en tout cas, vraiment cool, lol... à partir de maintenant, je vais dire à tout le monde que je suis le "meilleur gars en ville" avant qu'il me connaisse, question de mettre toutes les chances de mon côté!