vendredi 5 décembre 2008

Lieu commun: l'exemple parfait

J'ai déjà mentionné à plusieurs reprises (je pense... mais de toute façon) cette chose qu'est le concept de "lieu commun" en philosophie.

Faute d'originalité (certains, a posteriori, noteront l'ironie), j'ai décidé de copier/coller le préambule de l'article sur Wikipédia (francophone):

Un lieu commun (substantif masculin), du latin locus ("lieu", loci au pluriel) et communes ("communs"), est une figure de style fondée sur des banalités sur lesquelles tout le monde est censé être d'accord et qui, ou bien sont la marque d'une absence totale d'originalité de la pensée, ou bien permettent à celui qui les professe de ne pas réellement s'engager dans la conversation ou le débat, et ainsi de dissimuler sa véritable pensée.

Exemples de lieux communs: les gars ne sont pas capables de faire deux choses en même temps, les politiciens sont tous des menteurs, ...

Une certaine Hannah Arendt a traité du sujet en long et en large quand elle s'est intéressée au fameux procès de Eichmann (qui était un homme près de Hitler qui a été poursuivi par un tribunal international pour crimes de guerre contre les Juifs, quoi d'autre). Ce procès a soit servi à bâtir ou bien servi à "démontrer" un concept qu'elle appelait la banalité du mal. En gros, la question était de savoir si l'Homme pouvait faire du mal autrement que par intentions. Ce qu'elle s'est aperçue, c'est que Eichmann suivait simplement des ordres, sans réellement se poser de questions, et ceci est devenu apparent quand, durant son procès, il se cachait continuellement dans des lieux communs, et c'est comme ça que j'introduis mon sujet (voyez, j'ai de la suite dans les idées).

Au passage, pour me vanter, notons que l'examen final de mon dernier cours de philosophie portait sur Hannah Arendt et la banalité du mal, et que j'ai eu exactement 100% dedans (il fallait en fait écrire hmm... 5 pages je pense... en tout cas). Il y avait trois questions, dont une portait sur le procès de Eichmann (mais c'est rendu loin, alors passons).

La raison pour laquelle j'haïs les lieux communs est que ça coupe généralement une conversation assez sec. Cela n'a réellement de lien avec les lieux communs qu'en considérant le fait qu'ils attirent principalement des gens dont les idées sont ancrées dans ledit lieu commun (je vous laisse un moment pour relire la phrase). Ce que ça signifie, en gros, est qu'une fois l'argument sorti, deux choses se produisent (je parle par expérience, pas par théorie, et c'est donc discutable):
  • Celui qui se cache dans le lieu commun croit que tout le monde est d'accord avec lui, et s'attend donc à ce que vous soyez également d'accord;
  • Ces points apparaissent indiscutables pour l'interlocuteur
(d'où le coupage sec dans la conversation).

Comment reconnaître un lieu commun? Assez simple: la personne qui s'en sert le prend pour vérité absolue tout en croyant vous apprendre quelque chose, tandis que tout le monde l'a déjà entendu (par définition en fait). Sans être un cliché, le concept reste le même; certains l'auront remarqué ici.


Pourquoi râle-je à propos de cela, vous dites-vous dans votre for intérieur? Eh! bien... commençons par le début. Dans le journal Métro d'hier, il y avait un commentaire anodin qui disait qu'on pouvait aller sur le site du journal pour voir les "douze questions à ne pas poser à sa copine" (ça s'adresse aux hommes, d'uh). Notons d'emblée la chose suivante: les articles du journal Métro sont, en général, de bons articles. Certes, il y a des articles absolument ridicules ("vous aimez manger des chips parce que ça croque et que ça défoule"), mais de manière générale, j'estime que le contenu est appréciable. C'est pourquoi, innocemment, j'ai cru que ce serait intéressant / éducatif.

Ce soir, donc, je me suis rappelé ce commentaire anodin, et décidai de retrouver l'article sur le site. Ceux qui ne l'ont pas encore fait, prenez un moment pour vous demander comment les lieux communs peuvent avoir un lien, et vous verrez rapidement.


Pour fins de transparence, voici la liste complète des questions à ne pas poser, mais sans les explications ("j'expliquerai" certaines seulement):
  • T'es encore allée magasiner?
  • Tu t'es entraînée cette semaine?
  • C'est ça que tu vas porter?
  • Tu trouves que la taille est importante, toi?
  • Chérie, où sont mes pantalons propres?
  • Ça te dérange si j'ajoute mon ex dans mes amis Facebook?
  • Mon ex faisait une excellente lasagne. Tu veux la recette?
  • Ça te dirait, un trip à trois?
  • Pourquoi es-tu aussi émotive?
  • Est-ce que t'es en SPM?
  • As-tu déjà pensé aux implants mammaires?
  • Est-ce que t'es en train de devenir comme ta mère?
(le lecteur intéressé pourra se procurer l'article ici).

Avant de donner mes explications préférées, je ferai la remarque suivante: aucune explication n'est une réelle explication. Plus souvent qu'autrement, c'est un lieu commun.

C'est ça que tu vas porter?: Elle n'a rien dit lorsque vous avez mis votre chandail des Canadiens pour la répétition du mariage de sa meilleure amie, alors taisez-vous, vous aussi!

Chérie, où sont mes pantalons propres?: Trouvez-les vous-mêmes. Si c'est votre blonde qui fait votre lavage, soyez reconnaissants et n'en rajoutez pas.

Est-ce que t'es en SPM?: Les hormones de votre blonde ne sont pas la cause de toutes vos chicanes. N'essayez pas d'éviter les vrais problèmes en jetant le blâme sur son cycle menstruel. Cette excuse ne fera que provoquer une autre chicane, surtout si votre copine est vraiment en SPM.

Est-ce que t'es en train de devenir comme ta mère?: Aïe aïe aïe! Ne critiquez jamais la mère de votre blonde, ni aucun membre de sa famille. La famille, c'est sacré, et même si nous sommes nombreuses à jurer de faire les choses autrement que nos parents, une partie de nous les admire quand même. Respectez toujours la mère de votre copine; vous y serez gagnants à long terme.


Commentaires en vrac:
  • Personne ne poserait ces questions-là "sans faire exprès";
  • Je te demande où sont mes pantalons donc tu m'appartiens, femme;
  • Probablement que la question sur SPM est posée dans le but de faire chier, pas pour s'informer... je pensais que c'était clair.


Vous vous dites, "bel article". Mais ce n'est pas tout... à la fin de cet article, il y a un lien vers ceci, qui est un article "miroir" (quoi ne pas poser à son copain...). Ne lisez pas cet article si vous n'aimez pas qu'on vous prenne pour une bête sanguinaire sans cerveau, parce que c'est ce que les hommes sont on dirait.

Voici la liste des neuf questions:
  • Est-ce que j'ai l'air « grosse» là-dedans?
  • Est-ce qu'elle est plus belle que moi?
  • À quoi penses-tu?
  • Où s'en va notre relation?
  • Si tu pouvais coucher avec une de mes amies, laquelle choisirais-tu?
  • Cela ne te dérange pas si je vais manger avec mon ex?
  • Si je mourais électrocutée avec le sèche-cheveux, combien de temps attendrais-tu avant de passer à autre chose?
  • En tenant un bébé de quelqu'un d'autre dans vos bras: «Combien d'enfants veux-tu avoir?»
  • Est-ce que je peux t'accompagner à ta soirée de gars, juste pour cette fois?



Certaines phrases sont particulièrement irritantes. Voici une liste de phrases que vous pourrez lire si vous lisez l'article:
  • [...] De toute façon, les hommes ne remarquent même pas nos petites imperfections, ils se contentent d'admirer notre corps en entier.
  • [...] L'engagement effraie la plupart des gars (particulièrement sous la forme d'un bébé), au cas où vous ne l'auriez pas remarqué. Vous ne voulez pas avoir à baby-sitter votre copain pour le reste de la journée après l'avoir traumatisé? [...]
  • [...] Une soirée de gars n'est pas la même chose qu'une soirée entre amis. C'est l'occasion pour lui d'être néanderthalien, de roter et de parler de ses derniers exploits sexuels, sans avoir de femmes (lire: vous) autour. De temps à autre, votre gars a besoin de recharger sa testostérone sans que vous ne lui rappeliez silencieusement, par votre présence, qu'il vient de passer une heure à vous aider à peindre vos ongles d'orteils.


MAIS... la palme d'or va à la question suivante:

À quoi penses-tu?: Ce regard absent sur son visage ne veut probablement pas dire grand-chose. Les hommes ne possèdent pas le même bavardage intérieur que les femmes et leur réponse naturelle à cette question est: «Rien». Ce qui est la vérité. Pour obtenir une réponse de plus d'une syllabe, essayez de lui poser des questions plus spécifiques, comme: «Que penses-tu de (insérez le sujet)?».


Finalement, je noterai ceci:
  • Les deux articles ont été écrits par deux femmes;
  • Ils ont été écrits en anglais à la base, mais cela ne devrait pas servir d'excuse à Elle Québec qui a décidé qu'ils valaient tous deux la peine d'être traduits et publiés;
  • Je n'ai rien entendu que je n'avais jamais entendu avant... qu'est-ce que je vous disais...



Pour la crédibilité, on repassera.

2 commentaires:

Patrick a dit...

"Les hommes ne possèdent pas le même bavardage intérieur que les femmes et leur réponse naturelle à cette question est: «Rien». Ce qui est la vérité."

WOW!! ya tu plus con que sa... les maudites criss de bitch qui pensent que les filles sont plus intelligentes pis toute la... jen ai eu au moins 2 depuis le bac qui, dans un cours, ont demandé "est-ce que c vrai que les femmes sont plus capables de faire 2 choses en meme temps?", mais la pire était "c tu pour sa que les femmes sont plus capables de faire 2 choses en meme temps?!"

demain, sa fait 19 ans que marc lépine a fait son miracle

Seigneur a dit...

hey cétait le 800ième article! plus que 200! :P