samedi 5 juillet 2008

Élections du Zimbabwe

Parlons un peu du Zimbabwe, qui est très d'actualité depuis fin mars.

Le 29 mars marquait le jour du vote pour la présidentielle du pays. Le président sortant, Robert Mugabe, est à la tête du pays depuis 1980 (il était premier ministre de 1980 à 1987, et ensuite président (nouveau titre avec plus de pouvoirs)). Un gros 28 ans au pouvoir, donc.

Dès la fin du premier tour, le chef du parti principal de l'opposition, Morgan Tsvangirai, était déclaré vainqueur (sans preuve). Lui-même, son parti ainsi que la population disent qu'il a amassé au-dessus des 50% nécessaires pour qu'il n'y ait pas de deuxième tour.

Les résultats n'ont pas été publiés tout de suite, de telle sorte qu'ils ont été changés un peu (probablement), et qu'un deuxième tour a eu lieu. Après violences et d'autres trucs pour acheter l'électorat, Mugabe est réélu avec 90% des votes.

Voici un petit historique, question de vous mettre dedans un peu...
  • 1979: La Rhodésie du Sud est plus ou moins en guerre civile.
  • 1980: La Rhodésie du Sud devient le Zimbabwe, et Mugabe est perçu comme un héro. Des menaces de continuer la guerre civile lui permet de devenir premier ministre du pays, tandis qu'il avait perdu les élections l'année d'avant. Il s'agit de la première fois depuis l'existence du pays (sous n'importe quel nom) qu'il y a une démocratie.
  • 1992: L'épouse de Mugabe décède, et ses politiques se corsent.
  • Février 2000: Il veut faire passer une loi qui permettrait de se débarasser des fermiers blancs (allant avec une compensation, supposément). Le Parlement du pays a 20 sièges qui sont dédiés à des fermiers blancs. Par référendum, la population rejette l'idée.
  • Avril 2000: Mugabe fait passer la loi susmentionnée, et remplace les sièges du Parlement réservés aux fermiers blancs par des hommes nommés par le président, en l'occurrence lui-même.
  • 2002: Des élections présidentielles, impliquant principalement Mugabe et Tsvangirai, ont lieu. Mugabe est réélu, et la crédibilité des résultats est mise en doute par l'Occident. Le Commonwealth veut imposer des sanctions internationales au Zimbabwe et à son président (de facto un dictateur).
  • 2003: Mugabe se retire complètement du Commonwealth, et coupe ainsi l'aide humanitaire qu'il recevait. Le pays est plongé dans une crise (principalement liée à la famine). Les taux d'inflation commencent à être de l'ordre de 1000% par année.
  • 29 mars 2008: Les élections présidentielles et législatives ont lieu. La commission électorale du Zimbabwe, dont les membres sont élus par Mugabe, refuse de publier les résultats quant aux présidentielles, mais mentionne que le parti au pouvoir a perdu le contrôle du Parlement.
  • 2 mai 2008: Les résultats sont finalement publiés, après avoir été paufinés. Tsvangirai a remporté le premier tour haut la main, avec 47,4% des votes, mais un deuxième tour est nécessaire.
  • Mai et juin 2008: 200 000 personnes sont déplacées, 10 000 sont victimes de violence, et 90 membres de l'opposition sont tués. Les taux d'inflation annualisés atteignent les 4 000 000%.
  • 22 juin 2008: Tsvangirai se retire de la course à la présidentielle, craignant les répressions et toutes les morts dans son camp.
  • 23 juin 2008: L'ONU fait une résolution non contraignante (inutile, à toutes fins pratiques), qui "condamne la crise politique du Zimbabwe". Elle demande à ce que le deuxième tour du 27 juin se passe de manière libre et équitable.
  • 25 juin 2008: Mugabe perd son titre de chevalier honoraire de la Grande-Bretagne.
  • 27 juin 2008: Deuxième tour des élections. Bien que Tsvangirai se retrouve encore sur les votes, ce que Mugabe a demandé pour que l'élection soit "légitime", ce dernier est bel et bien le seul candidat en lisse.
  • 29 juin 2008: Mugabe est élu (et sermenté la même journée) président du Zimbabwe, avec plus de 90% des votes de l'électorat. Cette journée-là, le Canada a refusé de reconnaître la légitimité des résultats, et a entrepris d'établir des limitations quant aux relations entre le Canada et le Zimbabwe. En outre, les officiers du Zimbabwe ne peuvent plus venir au Canada. Aucun avion immatriculé du Zimbabwe ne peut survoler le Canada ou y atterrir. Sur la scène internationale, les États-Unis, l'Angleterre et la France veulent des sanctions contre le pays.
  • 30 juin 2008: Les États-Unis veulent faire accepter par l'ONU un projet de sanctions contre le Zimbabwe, et lui demande de reconnaître la non-légitimité de l'élection présidentielle. L'ONU met en cause la légitimité des résultats de l'élection présidentielle.
  • Juillet 2008: Mugabe nomme 20 "députés" (des sièges qui appartenaient jusqu'en 2000 à des Blancs), et reprend par le fait même le contrôle du Parlement.



Un vidéo filmé par un gardien de prison là-bas montre que son vote était vérifié par un haut placé dans la hiérarchie du pays, typiquement un bras droit de Mugabe.





C'est à suivre...

1 commentaire:

Nicolas a dit...

C'est nice ta reconstitution