Par Laurent Paquin.
On a beaucoup parlé dernièrement de la grève des employés d'entretien de la STM. Au moment où vous lisez ces lignes, le conflit est peut-être déjà réglé, peut-être pas. Mais ce n'est pas vraiment important pour ma chronique. Ce qui m'intéresse, personnellement, c'est de constater la récurrence de certains commentaires.
C'est inévitable. Chaque fois qu'une grève se déclenche, des gens s'empressent de critiquer les syndiqués en disant: "De quoi ils se plaignent eux autres! Y'a du monde qui ont même pas de travail!". Et voilà! L'argument du "plusse" pire, argument imparable s'il en est un. C'est-à-dire que chaque fois qu'une personne se plaint de sa condition, inévitablement il se trouvera quelqu'un pour lui dire: "Y'en a des pires que toi". Ce qui est pratique avec cet argument c'est qu'il peut s'appliquer à tout le monde et dans toutes les occasions. Ton travail t'ennuie? Pense aux enfants qui sont exploités dans les mines de charbon! Le souper que tu as commandé est froid? Pas grave, y'a plein de gens qui n'ont rien à manger! Un incendie a ravagé ta maison? Pense aux victimes du 11 septembre!
Je prends une pause, ici, pour préciser une chose importante: je ne suis pas en train de prendre position. Je ne connais pas suffisamment les conditions de travail des employés de la STM pour vous dire s'ils ont raison ou non de faire la grève. Peut-être sont-ils effectivement des enfants gâtés qui crient famine la bouche pleine, je ne sais pas. Je parle seulement de cette tendance à recourir à l'argument du "plusse" pire. D'ailleurs, si jamais on vous sert cet argument, allez voir la personne et donnez-lui, gentiment bien sûr, deux ou trois petites tapes sur la gueule et s'il se rebiffe, dites-lui: "Chiâle pas! Y'a plein de gens qui se font tuer en Irak!".
Il y a des arguments comme ça qui ont la vie dure. Comme le fameux: "Y'a des gens qui attendent dans les urgences!". Cet argument, inoffensif en apparence, vient "scraper" toute possibilité de dépenser dans quelque domaine que ce soit. Devrait-on subventionner la culture? "Es-tu fou? Y'a des gens qui attendent dans les urgences!". Faudrait-il construire une nouvelle bibliothèque? "Ça va pas la tête? Les urgences sont pleines!".
C'est pour ça que je déteste les tribunes téléphoniques à la radio. Mais dans le fond, de quoi je me plains? Y'en a qui n'ont même pas de radio!
On a beaucoup parlé dernièrement de la grève des employés d'entretien de la STM. Au moment où vous lisez ces lignes, le conflit est peut-être déjà réglé, peut-être pas. Mais ce n'est pas vraiment important pour ma chronique. Ce qui m'intéresse, personnellement, c'est de constater la récurrence de certains commentaires.
C'est inévitable. Chaque fois qu'une grève se déclenche, des gens s'empressent de critiquer les syndiqués en disant: "De quoi ils se plaignent eux autres! Y'a du monde qui ont même pas de travail!". Et voilà! L'argument du "plusse" pire, argument imparable s'il en est un. C'est-à-dire que chaque fois qu'une personne se plaint de sa condition, inévitablement il se trouvera quelqu'un pour lui dire: "Y'en a des pires que toi". Ce qui est pratique avec cet argument c'est qu'il peut s'appliquer à tout le monde et dans toutes les occasions. Ton travail t'ennuie? Pense aux enfants qui sont exploités dans les mines de charbon! Le souper que tu as commandé est froid? Pas grave, y'a plein de gens qui n'ont rien à manger! Un incendie a ravagé ta maison? Pense aux victimes du 11 septembre!
Je prends une pause, ici, pour préciser une chose importante: je ne suis pas en train de prendre position. Je ne connais pas suffisamment les conditions de travail des employés de la STM pour vous dire s'ils ont raison ou non de faire la grève. Peut-être sont-ils effectivement des enfants gâtés qui crient famine la bouche pleine, je ne sais pas. Je parle seulement de cette tendance à recourir à l'argument du "plusse" pire. D'ailleurs, si jamais on vous sert cet argument, allez voir la personne et donnez-lui, gentiment bien sûr, deux ou trois petites tapes sur la gueule et s'il se rebiffe, dites-lui: "Chiâle pas! Y'a plein de gens qui se font tuer en Irak!".
Il y a des arguments comme ça qui ont la vie dure. Comme le fameux: "Y'a des gens qui attendent dans les urgences!". Cet argument, inoffensif en apparence, vient "scraper" toute possibilité de dépenser dans quelque domaine que ce soit. Devrait-on subventionner la culture? "Es-tu fou? Y'a des gens qui attendent dans les urgences!". Faudrait-il construire une nouvelle bibliothèque? "Ça va pas la tête? Les urgences sont pleines!".
C'est pour ça que je déteste les tribunes téléphoniques à la radio. Mais dans le fond, de quoi je me plains? Y'en a qui n'ont même pas de radio!
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