Enfants, enfantes, ce matin je voudrais vous parler du concept de mémoire vive, mais pas appliqué à l'informatique...
Avant tout, commençons par nous assurer de bien comprendre le concept de mémoire vive. En informatique, il y a deux sortes de mémoire pour stocker vos données: la mémoire morte (ROM) et la mémoire vive (RAM). La mémoire morte, soit la ROM -- read-only memory -- est la sorte de mémoire utilisée par les disques durs, CD-ROM (dah), etc etc... en outre, c'est une mémoire permanente. Fermez votre ordinateur et boum, ce que vous avez enregistré avant de le fermer est encore là: c'était prévu.
La mémoire vive, ou RAM -- random access memory -- est pour sa part bien plus fascinante. En effet, l'ordinateur part avec la prémisse suivante: les fichiers utilisés récemment ont toutes les chances du monde d'être réutilisés dans un avenir rapproché. Ainsi, lorsque vous ouvrez Word par exemple, l'ordinateur place dans la mémoire vive ce qu'il a de besoin pour faire fonctionner Word. Fermez Word, et rouvrez-le; vous verrez que le temps nécessaire pour le réouvrir est très court, puisque l'ordinateur puise l'information nécessaire dans la RAM, qui est bien plus rapide d'accès que la ROM.
Ainsi donc, enfants et enfantes, je suis ici pour vous parler de ce fameux concept de mémoire vive, mais pas appliqué à l'informatique. Appliqué à quoi alors? Au langage. Je lance donc dans le vide cette hypothèse, que j'étayerai par la suite: les mots et expressions ayant été portés à l'attention d'une personne ont toutes les chances du monde de se retrouver dans ses propos, verbaux ou écrits, dans un avenir rapproché.
Vous pouvez remarquer ce phénomène dans la vie de tous les jours (ce qui est la raison pour laquelle quelqu'un comme moi peut lancer cette hypothèse). Dans vos travaux écrits, philo ou français par exemple, peut-être vous surprenez-vous à utiliser la même expression à plusieurs reprises, même si plusieurs autres expressions auraient été tout aussi valides, ou même si ce n'est pas une de vos expressions favorites. De la même façon, un mot inhabituel -- très rarement utilisé -- peut se retrouver deux ou trois fois dans des phrases subséquentes! Ceci est arrivé très récemment avec la blonde de notre père à Philippe et moi, qui a pluggé "barbarique" dans 2 phrases presque coup sur coup, phrases qui n'avaient rien en commun. Entendons-nous bien, Christianne n'utilise pas le mot barbarique tous les jours.
L'autre jour, Philippe a utilisé une expression plus ou moins commune sur ce blog-ci; je l'ai utilisée dans mon travail de philo, non-intentionnellement, n'ayant aucunement l'habitude de l'utiliser.
Ce cher Philippe aura peut-être eu la chance de remarquer le phénomène dans le programme Chessmaster, là où un joueur professionnel décrit ses parties sous format de fichiers sons. Dans une partie, il utilise le mot "point" une dizaine de fois au moins ("my d5-point", par exemple, en parlant de la case de l'échiquier, au lieu de dire my d5-square, my d5-pawn, etc etc...). C'est la seule partie où il l'utilise tant: je pense bien qu'il est viré fou l'histoire d'un moment.
Ce même joueur, il utilise l'expression "at any expense" plusieurs fois dans une partie, au point où un moment donné il recommence à la dire, s'interrompt et se corrige en changeant ses mots: "at any -- you know.. at all costs".
Ce phénomène de mémoire vive m'est aussi survenu il y a un an de cela (peut-être jour pour jour), avec une fille à la bibliothèque. La fille doit avoir dit "nullement" au moins 5 fois dans la conversation qui a duré un MAXIMUM de 5 minutes (1 fois par minute, qu'on vienne me dire que c'est là quelque chose d'aléatoire...)
Bref... je suis sûr que j'aurais bien d'autres exemples, mais ils m'échappent pour le moment. Néanmoins, je crois fermement que l'utilisation dans nos propres phrases de mots ou d'expressions auxquels nous avons été récemment exposés n'est pas un événement fortuit. C'est ce que j'appellerai dorénavant l'hypothèse de la mémoire vive.
Que pensez-vous de cette hypothèse ??