jeudi 12 avril 2007

Psychologue

J'ai décidé de m'improviser psychologue ce soir. Au dépanneur, il y avait une caissière (allô la surprise que je vous fait). Elle avait vraiment l'air triste. Elle parlait au téléphone, mais dès que je suis arrivé elle a dit qu'il fallait qu'elle raccroche, et elle a raccroché. Alors j'ai supposé que c'était un appel personnel.

Elle avait vraiment l'air triste. Elle avait le contour des yeux légèrement rouge, et elle s'est "essuyé les yeux", mais il n'y avait pas de larme(s) (pas à ce que j'ai vu). Elle avait l'air gentille. Mais elle était belle... alors évidemment que je ne me suis pas vraiment demandé si elle était gentille, je l'ai juste conclu, parce qu'elle était belle (je suis superficiel de même).

J'ai trouvé ça triste. Elle m'a dit un petit bonsoir vraiment "reculé"/détaché, m'a dit le prix, et m'a dit bonne soirée. Sans vraiment de plus... pas de petit sourire, pas de petit "il neige", rien. Elle avait une petite voix douce, fragile? Anyway...

Et là je me suis mis à me demander si je devais lui demander si ça allait. Les gens font ça parfois. Ils voient que quelqu'un ne va visiblement pas bien, et ils demandent "est-ce que ça va?", sans ne vraiment sans préoccuper. Je me suis demandé s'il fallait que je lui demande si ça allait, mais je savais très bien que j'aurais un "non parce que <...>", et je savais aussi que je ne saurais pas quoi répondre à son "<...>", surtout parce que je ne la connais pas, mais aussi parce que je ne saurais pas quoi répondre même si j'avais connu la personne. Mais d'un autre côté... est-ce que je devais le lui demander? Est-ce qu'elle était aussi "je vais vraiment pas bien" pour que quelqu'un le lui demande et qu'elle puisse en parler? Est-ce que je suis vraiment la personne idéale à qui elle devrait en parler... ??

Après m'être posé autant de questions, je me suis dit que j'allais m'en tenir à mes mathématiques. Ça ne me demande rien, ça ne veut pas que je demande si ça va, et c'est objectif. Parce que quelque chose qui est vrai l'est toujours, et quelque chose qui est faux n'est jamais vrai. C'est comme ça. L'aire sous la courbe entre a et b vaut A, et elle vaudra toujours A. Toujours. Il y a la guerre au Congo? L'aire vaut A là-bas aussi. La pseudo-dictature russe va tomber ou continuer? Je sais pas... mais l'aire vaut A.

Et on n'a pas besoin de parler à personne pour s'apercevoir qu'elle vaut A. On intègre. On intègre la fonction entre a et b, et on utilise le théorème fondamental du calcul (la deuxième partie du théorème en fait), et on regarde la valeur.

Si on a une loi normale, alors l'aire comprise sous la courbe à plus ou moins 1 écart-type de la moyenne est d'environ 68%. Peu importe la variable, peu importe la moyenne, peu importe l'écart-type. C'est de même. On centre, on réduit, et on regarde, et ça donne invariablement 68%.

Je suis tanné d'avoir à parler avec du monde des fois. Je suis mieux seul. Personne n'a rien à m'offrir, et je n'ai rien à offrir à personne. Par contre, quand on joue aux échecs ou qu'on fait des mathématiques, on n'a pas besoin de plaire à quelqu'un. On n'a pas besoin de dire ce que quelqu'un veut entendre, on n'a pas besoin d'écouter ce qu'une personne veut nous dire et qui ne nous intéresse pas. C'est le bon côté de la chose. C'est pour ça que j'aime jouer aux échecs. C'est pour ça que j'aime faire mes probabilités et mes intégrales et mes équations différentielles.

C'est bien les échecs. T'as le droit de rester devant un échiquier dans ta tête pendant genre... 5 heures. Et non seulement ça, mais t'as pas besoin de parler à personne. Et même mieux: le monde n'ose même plus te parler.

Laissez-moi dans mon monde. Qu'elle pleure, elle va s'en sortir. Si quelqu'un voulait lui briser le coeur, bien à lui. Elle va se trouver quelqu'un d'autre. C'est pas de mes affaires, et j'en suis fort content.

C'est pour ça que je ne serai jamais psychologue.

Aucun commentaire: