lundi 26 juillet 2010

Péripétie & anonyme

À matin, j'ai pris ça assez relax. Je regardais des vidéos sur YouTube, et vers 7h55 je n'étais pas encore habillé ni rien. J'avais prévu partir à 8h00 tapantes, alors vous imaginez que je n'étais pas en avance. Je me suis donc dépêché à me brosser les dents, à écrire un e-mail à Patrick, à m'habiller puis à partir.

Tout ça s'est fait très vite. M'enfin. Je prends mon sac à dos, j'ouvre la porte, je barre la poignée, je ferme la porte, je mets mes souliers. Voilà je suis fin prêt à partir. Je me dis, ah je vais mettre mon iPod.

Aussitôt que je me suis dit ça, je n'ai même pas vérifié dans mes poches. Je savais que je n'avais pas mon iPod, parce que je ne l'ai pas mis dans mes poches parce que j'étais pressé.

Tout comme ma passe d'autobus. Comme ma carte d'accès. Comme mon portefeuille, mon cellulaire et mes clés. Tous ces jolis items étaient restés à l'intérieur, sur mon bureau, et j'ai barré la poignée avant de fermer la porte.

Je me suis tâté un peu, et je pouvais confirmer: je n'avais rien dans mes poches. Ç'a l'air de rien, mais il n'y a pas grand-chose à faire dans ce temps-là. J'ai rapidement pensé: la porte patio est ouverte mais c'est trop haut. La porte d'en arrière est barrée. Ça se résume à ça les amis.

J'ai commencé à faire comme si de rien n'était, en me rendant vers le métro. Comme le temps n'arrange pas les choses, je pensais tout de suite aux options qui s'offraient à moi. Je pouvais achaler quelqu'un pour de l'argent (pour appeler), demander le cellulaire de quelqu'un, aller dans un magasin pour téléphoner, et marcher jusqu'au centre-ville (ce qui m'aurait pris 2h30 ou 3h00 allant avec ma motivation). Le problème aussi c'est que je ne savais pas vraiment quoi faire ("qui appeler ?"). J'en suis venu à la conclusion que je pouvais faire 3 choses:
  • Appeler mes parents pour qu'ils viennent me mener au centre-ville d'où j'aurais accès à Internet et à un téléphone, pour ensuite essayer de me procurer le numéro de téléphone du propriétaire. Comme je l'avais donné récemment à Patrick, j'avais espoir qu'il l'ait. (Évidemment, je l'ai aussi, mais chez nous...).
  • Appeler mes parents pour qu'ils me donnent le numéro de l'ex à Patrick pour lui demander si elle a encore la clé que Patrick lui avait donnée
  • Paniquer


Comme les deux premières options font référence essentiellement à la même chose ("appeler mon père") et que la troisième chose était déjà faite et sur le point d'être accomplie avec brio, j'ai décidé d'essayer d'appeler mon père. Je ne voulais pas demander ni d'argent ni de cellulaire à qui que ce soit, alors je me suis dit que j'allais pogner des magasins et quémander de la générosité d'âme.

Ce n'est pas ce que j'ai pogné au Jean Coutu. Chose que l'on doit savoir et que je ne savais pas, c'est que le Jean Coutu n'ouvre pas avant 9h00. Quand on rentre dans un Jean Coutu qui est fermé, apparemment on se le fait dire ("euhhhh... ?? On n'ouvre pas avant 9h00"). Oh oui, j'aurais pu dire "non mais c'est que [...]", mais franchement j'avais pas envie. Ce fut un réel succès.

Destination 2: Place Versailles. À la Place Versailles, je me suis dit qu'avec tous les restaurants qu'il y a et tout ça, il doit y avoir des magasins d'ouverts à cette heure-là. Comme de fait, j'ai vu des 110-génaires sortir du Maxi. Je suis donc allé là en analysant chaque rangée. Il y avait deux types de personnes: des chandails bleu pâle et des chandails bleu foncé. Comme il y avait moins de chandails bleu pâle que de bleu foncé et qu'ils semblaient tous au-dessus de leurs affaires, j'ai rapidement compris que c'était à quelqu'un en bleu pâle que je devais m'adresser.

J'ai spotté ma victime et l'ai suivie. Après plusieurs répétitions de phrases monosyllabiques, il m'entendit enfin.

Bonjour monsieur, j'ai un problème, je me suis embarré dehors. Je n'ai pas de clé, pas de portefeuille, pas de cartes, rien...

Je suis anonyme.

Auriez-vous un téléphone s'il vous plaît ?

Après m'avoir dévisagé pendant un quart de seconde, il a demandé au gars avec qui il était de m'accompagner "dans le bureau" pour que je puisse téléphoner. J'ai eu le bonheur de me retrouver dans le confort d'une situation sociale unique et plaisante le temps d'une composition d'un numéro qui s'est évidemment soldée par un échec. Et c'est là que je me suis réveillé: je ne m'étais même pas dit que ça se pouvait qu'on ne me réponde pas.

Je repartis bredouille, le gars m'a souhaité une bonne journée quand même -- inquiète-toi pas mon homme je vais survivre mais merci toi aussi -- et je... repartis bredouille... en tout cas.

Nouveau plan vite fait: me rendre au centre-ville sans les pouvoirs magiques de mon père. Deux solutions envisagées:
  • Quêter un billet au gars dans la cellule de prison du métro
  • Quêter de l'argent à plein de monde à l'air libre pour pouvoir acheter un billet au gars dans la cellule de prison du métro


En cas de meurtre, ma famille a plus de chances de se faire payer une importante somme si je me fais assassiner par un employé de la ville plutôt que par un n'importe-qui. Direction cellule de prison.

Arrivé devant le gars ("M. Sympathie"), je commence à expliquer mon problème.

Bonjour monsieur, j'ai un problème. Je me suis embarré dehors. Je n'ai absolument rien, pas de cartes, pas de téléphone, pas de portefeuille.

Je suis un fantôme.

- "Ça commence ben!" me dit-il.

Ouais bon... écoutez. J'ai besoin d'un billet gratuit, vous savez que j'ai besoin d'un billet gratuit, et je sais que vous savez que j'ai besoin d'un billet gratuit. Je suppose que vous ne savez pas que je sais que vous savez que j'ai besoin d'un billet gratuit, alors je vais être gentil avec vous et vous dire la chose suivante: "j'aimerais me rendre au centre-ville où je travaille et où j'aurais accès à Internet et à un téléphone. Pensez-vous que vous pourriez me laisser passer gratuitement ?"

M. Sympathie m'a posé quelques questions, comme "as-tu ta passe d'habitude" et des choses comme ça. Il a fini par m'imprimer un billet "de courtoisie", merci monsieur, et j'étais en route direction nulle part. Il faut garder ces billets-là comme preuve de passage. Pas moi. Je l'ai gardé comme on garde un trophée.

Arrivé à la job - rien de fantastique dans le métro, je prends mon humilité à deux mains, la jette par la fenêtre et cogne maladroitement sur la porte qui est barrée et qui doit être ouverte par une carte d'accès.

T'as oublié ta car--HAHA oui pas le temps.

J'arrive à mon bureau mode panique. Je réessaie d'appeler mes parents. Je laisse un message en disant rappelez-moi s'il vous plaît voici le numéro. Après j'ai vérifié sur Canada 411 pour voir le numéro du père de l'ex à Patrick, et selon Google Maps je suis tombé drette dessus. Aucune réponse évidemment.

J'ai écrit un e-mail à Patrick pour lui dire que j'avais besoin du numéro.

J'ai regardé sur Canada 411 le nom de mon propriétaire. 384 entrées. Good. Passons.

J'ai cherché dans mes e-mails pour voir si je l'avais à quelque part ce foutu numéro. Nope, nulle part.

*DRING DRING* OH LE TÉLÉPHONE SONNE.

- "Allô.
- Salut Philippe."

J'étais très content d'entendre Christianne (... ma belle-mère...). Je commence déjà à déblatérer mon histoire très rapidement. Rendu au moment où j'ai commencé à lui dire que j'avais besoin du numéro de Valérie, après lui avoir dit que je m'étais embarré dehors et que j'avais tout laissé sur mon bureau, on m'a dit...

"Sais-tu à qui tu parles ?"

Ah mais quelle douche froide.

"Hmmmm... Chris-tian-ne... :\... ?
- Non.
- Okay... à qui je parle ?
- Stéphanie de [telle équipe]"

Ah excellent. Juste excellent. En tout cas, après j'étais plus calme. :\

Personne de rejoignable, personne ne me rappelle. Du monde a commencé à me suggérer de demander à mes voisins pour le numéro de téléphone du propriétaire. Oui c'est ça je vais aller cogner chez mon voisin qui fait pousser du pot. Big up.

Mais finalement j'ai décidé de faire ça. Il y a les voisins en bas avec qui "on" (je...) parle toujours. C'est à eux qu'appartient Sam. J'ai emprunté 20$ à quelqu'un "pour la journée", je suis allé manger mon lunch vers midi, et à midi et vingt j'étais parti.

Quand je suis arrivé, GOOD, les voisines étaient sur le balcon. J'ai demandé le numéro du propriétaire, mais j'ai reçu la bonne nouvelle qu'il était en vacances. Ah excellent, les chats vont vraiment mourir.

Mais non, c'est correct mon ti-gars. Tu peux passer par en arrière. T'as juste à lever les fenêtres en poussant dessus, elles glissent tout seul. Tu peux rentrer par les fenêtres, je le fais tout le temps.

Ah.... o-kay... bonne nouvelle. Ça marche très bien en passant. Il y a un bâton dans la fenêtre pour empêcher de faire ça, mais juste en brassant un peu j'ai réussi à le faire tomber sans problème. Bref, après 1001 acrobaties pour passer par la fenêtre, j'ai appelé mon boss, me suis entendu avec pour dire que j'allais travailler de chez moi, et j'ai passé le restant de la journée plus normalement.

Je vais le coller ce bâton-là, parce qu'à l'heure qu'il est Locasse aurait dû avoir mangé Cannelle, aurait dû être mort noyé dans la toilette en essayant de boire, et j'aurais dû être en train de faire la rue Sainte-Catherine à quêter de l'argent en attendant le retour de vacances de mon propriétaire.

Maudit bâton.

1 commentaire:

Patrick a dit...

LOL.. vraiment nice.. toi qui pensais que cétait christianne qui tappelait, cerise sur le sunday lolol