Ce matin, j'ai pris le métro vers 9h15-9h20. Je me rendais à McGill. J'en ai donc profité pour prendre le journal du Métro pour faire le Sudoku dedans.
Je fais le Sudoku pas mal à chaque jour, et la fin de semaine il n'y a pas de nouveau journal. Les fins cerveaux concluront que j'ai fait le Sudoku que j'ai fait hier matin, et ils auront bien raison, mais ne les flattons pas trop.
Quelques stations après le départ (Langelier?), une vieille madame est rentrée et s'est assise à côté de moi. Elle avait un manteau laid vert-laid et avait les cheveux blanchâtres teints blanc pâle. Bref, une vieille.
Comme je voyageais dans les méandres de mon journal avant de commencer le quadrillé de la veille, j'ai pu passer par-dessus plein d'articles d'actualité (le gouvernement du Kazakhstan est tombé, bla bla bla) et me sentir coupable parce qu'une fois de plus je ne m'instruisais pas.
À la page des jeux, il y a aussi l'horoscope. C'est là que la madame s'est mise à lire au-dessus de mon épaule. Au début je pensais qu'elle voulait regarder mes prouesses intellectuelles et mathématiques. Je me suis donc empressé de tremper mon stylo dans un pot de cire et essayer de le faire reluire le plus possible. J'étais aussi en train de me demander si je devais peut-être sortir un chronomètre ou quelque chose comme ça.
Mais ma bulle a été pêtée quand elle m'a carrément demandé, "est-ce que je peux voir l'horoscope?".
Yup, écouteurs aux oreilles et air bête, je me suis fait déranger pour voir l'horoscope.
Je lui ai donné le journal, j'ai essayé tant bien que mal d'enlever toute la maudite cire de mon stylo, et j'ai repris mon journal en prenant bien soin de dire "de rien" quand elle m'a chaleureusement remercié de lui avoir prêté mon journal.
Sympathique la vieille.
Entre-temps je me demandais à quel point il fallait croire à ces pacotilles-là pour aller jusqu'à déranger quelqu'un pour lire l'horoscope. Je me suis aussi demandé si elle s'était fait dire que sa journée allait être belle, qu'elle allait avoir une promotion et qu'elle allait rencontrer l'âme-soeur. Parce qu'à cet âge-là, je ne pense pas que ça puisse la préoccuper tant que ça, ou à tout le moins pas assez pour me déranger tandis que je veux faire mon Sudoku.
Peut-être que c'est le type de personne qui a lu l'horoscope pendant 50 ans et que du jour au lendemain arrêter la rendrait dépressive. Mais qu'importe.
Une fois à la station Frontenac (donc déjà un bon bout de fait), elle est sortie du wagon. Elle a regardé à droite, puis regardé à gauche, puis elle s'est dépêchée à rebrousser chemin et revenir dans le métro. Trop vieille pour bien courir, et encore et toujours trop humaine pour ne pas perdre la face ("n'importe qui aurait perdu la face"). Certains sourires étaient apparus sur le visage de mes comparses de transport, tandis que moi j'avais rapidement compris ce qui s'était passé: elle rejoignait une amie (aussi une vieille peau) à la station Frontenac, et son amie était rentrée plus loin dans le wagon, et quand elle s'en est rendue compte elle s'est dépêchée à revenir. Ç'aurait pu arriver à n'importe qui, alors passons.
Avec chance, les deux se sont assises près de moi. J'ai donc pu entendre des parcelles de conversations, et j'ai pu me perdre dans la douce mélodie que leurs voix toutes deux stridentes chantaient, comme une symphonie de malheur.
Et après toutes ces péripéties, cette longue histoire qui ne faisait que commencer la journée pour ces deux ancêtres, pendant que tout le monde souriait encore en se rappelant la première vieille qui essayait frénétiquement de revenir dans le wagon, la seule chose à laquelle j'arrivais à penser était qu'après 10 minutes intenses de vie, elle ne se rappelait probablement même plus son horoscope.
Je fais le Sudoku pas mal à chaque jour, et la fin de semaine il n'y a pas de nouveau journal. Les fins cerveaux concluront que j'ai fait le Sudoku que j'ai fait hier matin, et ils auront bien raison, mais ne les flattons pas trop.
Quelques stations après le départ (Langelier?), une vieille madame est rentrée et s'est assise à côté de moi. Elle avait un manteau laid vert-laid et avait les cheveux blanchâtres teints blanc pâle. Bref, une vieille.
Comme je voyageais dans les méandres de mon journal avant de commencer le quadrillé de la veille, j'ai pu passer par-dessus plein d'articles d'actualité (le gouvernement du Kazakhstan est tombé, bla bla bla) et me sentir coupable parce qu'une fois de plus je ne m'instruisais pas.
À la page des jeux, il y a aussi l'horoscope. C'est là que la madame s'est mise à lire au-dessus de mon épaule. Au début je pensais qu'elle voulait regarder mes prouesses intellectuelles et mathématiques. Je me suis donc empressé de tremper mon stylo dans un pot de cire et essayer de le faire reluire le plus possible. J'étais aussi en train de me demander si je devais peut-être sortir un chronomètre ou quelque chose comme ça.
Mais ma bulle a été pêtée quand elle m'a carrément demandé, "est-ce que je peux voir l'horoscope?".
Yup, écouteurs aux oreilles et air bête, je me suis fait déranger pour voir l'horoscope.
Je lui ai donné le journal, j'ai essayé tant bien que mal d'enlever toute la maudite cire de mon stylo, et j'ai repris mon journal en prenant bien soin de dire "de rien" quand elle m'a chaleureusement remercié de lui avoir prêté mon journal.
Sympathique la vieille.
Entre-temps je me demandais à quel point il fallait croire à ces pacotilles-là pour aller jusqu'à déranger quelqu'un pour lire l'horoscope. Je me suis aussi demandé si elle s'était fait dire que sa journée allait être belle, qu'elle allait avoir une promotion et qu'elle allait rencontrer l'âme-soeur. Parce qu'à cet âge-là, je ne pense pas que ça puisse la préoccuper tant que ça, ou à tout le moins pas assez pour me déranger tandis que je veux faire mon Sudoku.
Peut-être que c'est le type de personne qui a lu l'horoscope pendant 50 ans et que du jour au lendemain arrêter la rendrait dépressive. Mais qu'importe.
Une fois à la station Frontenac (donc déjà un bon bout de fait), elle est sortie du wagon. Elle a regardé à droite, puis regardé à gauche, puis elle s'est dépêchée à rebrousser chemin et revenir dans le métro. Trop vieille pour bien courir, et encore et toujours trop humaine pour ne pas perdre la face ("n'importe qui aurait perdu la face"). Certains sourires étaient apparus sur le visage de mes comparses de transport, tandis que moi j'avais rapidement compris ce qui s'était passé: elle rejoignait une amie (aussi une vieille peau) à la station Frontenac, et son amie était rentrée plus loin dans le wagon, et quand elle s'en est rendue compte elle s'est dépêchée à revenir. Ç'aurait pu arriver à n'importe qui, alors passons.
Avec chance, les deux se sont assises près de moi. J'ai donc pu entendre des parcelles de conversations, et j'ai pu me perdre dans la douce mélodie que leurs voix toutes deux stridentes chantaient, comme une symphonie de malheur.
Et après toutes ces péripéties, cette longue histoire qui ne faisait que commencer la journée pour ces deux ancêtres, pendant que tout le monde souriait encore en se rappelant la première vieille qui essayait frénétiquement de revenir dans le wagon, la seule chose à laquelle j'arrivais à penser était qu'après 10 minutes intenses de vie, elle ne se rappelait probablement même plus son horoscope.
3 commentaires:
wow nice !!! on dirait une nouvelle littéraire ton message..
vraiment cool ton histoire, journée mouvement pour the phil, jespère que t correct
Nice histoire. Mais la prochaine fois ce serait meilleur si genre une des vieilles mourrait à la fin, ou tu t'aperçois que c'est ta grand-mère adoptive ou genre tu tombe amoureux mais elle a le cancer ou c'est une cyborg. 8.5/10
Axel
Axel a raison, il te manque un punch intéressant du genre "le fils qu'on a pas revu pendant 10 ans qui revient comme ça", il pourrait être à la station Beaudry pis embarquer par hasard dans le même wagon
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